守破離
SHU HA RI 守破離

Protéger, rompre, éloigner

Toute étude sérieuse est soumise au principe fondamental de shu ha ri. Nous sommes protégés (shu) jusqu’à l’adolescence qui est suivie d’une cassure (ha) lors de l’abandon du cocon familial, puis un éloignement (ri) pour faire ses propres expériences … Le Maître d’apprentissage protège son apprenti, puis un jour, lui demande de partir voir ailleurs pour éprouver ses connaissances. Pendant cette période d’expérimentation, l’apprenti devient un ouvrier accompli. Puis il fondera sa propre entreprise et formera à son tour des apprentis, recommençant le cycle shu ha ri.

En budō, le Maître nous prodigue son enseignement jusqu’à ce que les bases soient correctement assimilées. Puis il demandera à l’élève de quitter le dōjō pour expérimenter et enrichir ses connaissances. La courte période où l’élève se retrouve seul avec son art, en terrain inconnu, peut être éprouvante. Il doute et se trouve confronté à d’autres enseignements … Il est facile de s’égarer à ce moment.

Puis vient le temps où l’on se forge ses propres convictions. Prenant de l’assurance, on entrevoit une certaine cohérence dans ce que l’on fait. Un beau jour, on se sent convaincu. La direction est claire. Il est temps alors d’ouvrir un dōjō, de promouvoir son propre style composé de ce que l’on a appris et de ce que l’on a soi-même expérimenté.

Bien que ce soit une loi naturelle, il faut du courage pour chasser celui/celle que l’on a formé(e).

Il faut également être conscient que ce principe de shu ha ri peut être appliqué en restant dans son dōjō d’origine … J’en ai moi-même fait l’expérience à maintes reprises … Mes élèves suivent mon enseignement très strictement, puis graduellement, ils y insèrent quelques idées personnelles qui s’émancipent avec le temps. C’est alors au Maître d’accepter à son tour ce principe. Dans tout les arts que je pratique depuis plus de 50 ans (Jūdō, Iaïdō, Jōdō, Shodō), j’ai expérimenté quelques-chose à quoi je ne m’attendais pas … À certaines occasions, j’ai appris de mes élèves. Ce fut d’abord un choc, puis un sentiment merveilleux : avoir planté des graines qui soudain m’apportent des fleurs que je n’avaient jamais vues … Un vrai Maître est celui qui continue d’apprendre …

PAR PASCAL KRIEGER – www.budonoshodo.com

Source : Numéro 17 de Yashima (octobre 2022)